Musee de la porcelaine

Le voyage aux Indes. Porcelaines chinoises pour des familles suisses, 1740-1780

Cette exposition s’intéresse aux Compagnies des Indes actives au XVIIIe siècle et plus particulièrement aux porcelaines rapportées de Chine pour le marché européen et suisse. Qu’est-ce qu’une Compagnie des Indes ? Il s’agit d’un groupe de marchands qui reçoit d’un souverain, par exemple Elisabeth Ier pour l’Angleterre, le monopole des relations commerciales entre un pays et des contrées lointaines situées en Amérique ou en Asie. Pour l’Amérique, on parle des Indes occidentales et pour l’Asie des Indes orientales.

Le commerce entre l’Orient et l’Occident, ou plus exactement l’Empire romain, est attesté depuis le Ier siècle après J.C. Sur la route de la soie, longue de 11'000 km, des caravanes ont transporté pendant plusieurs siècles des soieries, des pierres précieuses et des épices. Au Moyen Âge et à la Renaissance, les républiques maritimes italiennes, Gênes et Venise pour les plus importantes, prennent le relais. Toutefois, c’est Vasco de Gama, qui contourne le cap de Bonne-Espérance en 1497 et qui ouvre la voie des Indes aux Européens.

La Chine, pour ses richesses et l’importance de sa population, qui croît de 200 à 300 millions d’habitants entre 1760 et 1800, représente un partenaire commercial idéal pour l’Europe. Toutefois, malgré bien des tentatives, l’Empire du Milieu reste hermétique et ne cherche pas à développer ses liens avec l’étranger. Les relations commerciales entre les puissances européennes et celui-ci se limitent donc à sa périphérie : Macao au XVIIe, Canton au XVIIIe. En dépit de ces difficultés et pour répondre à la demande d’une Europe en quête de denrées exotiques, les marchands de la Compagnie des Indes insistent et développent, tout au long du XVIIIe siècle, des échanges de plus en plus soutenus avec la Chine. En effet, les bateaux européens ne cessent d’arriver au port de Canton : six par année en 1715, une quinzaine entre 1720 et 1740, entre vingt-cinq et quarante de 1760 à 1780 et soixante peu avant la Révolution française.

Les relations commerciales avec la Chine concernent principalement l’acquisition de thé dont les sociétés européennes ne peuvent plus se passer au XVIIIe siècle. Avec les feuilles de thé sont importées des porcelaines chinoises, nécessaires à la dégustation de cette boisson.

Entre 1607 et 1798, environ trente millions de porcelaines sont importées pour le seul compte de la Compagnie des Indes hollandaises. Dans cet engouement massif pour la porcelaine chinoise, la Suisse ne fait pas exception. Quelques riches familles, installées à Genève, dans le Pays de Vaud ou à Fribourg, commandent même de la vaisselle armoriées auprès des marchands chargés de faire le lien entre l’Europe et la Chine. Bien que peu nombreuses pour la Suisse (douze services ont été retrouvés), ces porcelaines décorées aux armes des commanditaires gagnent à être découvertes. En effet, ces porcelaines armoriées, fabriquées et décorées en Chine, s’inscrivent dans un phénomène global qui a vu toute l’Europe se passionner pour ce type de production (268 services armoriés ont été retrouvés en France, 500 en Hollande et 4000 en Angleterre) et s’engager dans un commerce d’envergure – toujours actif aujourd’hui – avec ce grand pays d’Asie.



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